Le coat de Saint-Haouen (Y.-M.)

Mar 25, 2017

LE COAT DE SAINT-HAOUEN

ÉDITION ORIGINALE dédiée à l’empereur Napoléon Ier.
Un pionnier de la communication à distance.

Ouvrage à consulter sur demande à la fondation

Officier de marine et ingénieur, Yves-Marie Le Coat de Saint-Haouen (1756-1826) consacra une part importante de ses activités à la signalisation des côtes de France (l’un de ses projets sera à l’origine de la création de la Commission des phares). Vers 1800, il invente un système de télégraphie optique avec lequel il espère concurrencer celui mis au point par Claude Chappe (1763-1805) dans les années 1790. Pendant près de deux décennies, tout en la perfectionnant sans cesse, Le Coat tenta de faire agréer son invention par les administrations, tant impériales que royales.
À cette fin, il fait imprimer en 1809 une présentation de son système. Celui-ci, utilisable aussi bien sur terre que sur mer, était composé d’un mât et de deux vergues entre lesquelles des globes d’osier étaient déplacés verticalement. Leurs positions par rapport à des traverses fixes servant de repères, permettaient de transmettre à distance des messages préalablement codés selon un « Vocabulaire » joint à l’ouvrage. En remplaçant les globes d’osier par des lanternes, son télégraphe pouvait être utilisé de nuit.
Si, en 1809, l’auteur place ses recherches sous les auspices de l’Empereur, lequel avait manifesté devant l’Institut « le désir
d’avoir à [sa] disposition un télégraphe de nuit », il lui faudra cependant attendre 1820 et la crise espagnole, pour que Louis XVIII demande à ce qu’une « ligne fixe » Paris-Bayonne soit mise en service selon son procédé. Installé dans la précipitation, le tronçon expérimental Paris-Orléans ne donnera pas satisfaction et le projet sera abandonné. Toutefois, des stations mobiles, plus légères (dont Le Coat avait donné le principe dès 1809), seront fabriquées et une brigade télégraphique, dirigée par l’un de ses fils, sera attachée à l’armée. En 1830, lors de la conquête de l’Algérie, son télégraphe sera à nouveau mis en œuvre pour la communication entre les vaisseaux et les côtes d’Afrique du Nord.
En 1845, les premiers essais de la télégraphie électrique annonceront la fin du télégraphe optique dont la dernière ligne sera définitivement abandonnée dix ans plus tard.

Exemplaire de présent offert par l’auteur au maréchal Berthier (1753-1815), l’un des principaux héros de Wagram (juillet
1809), avec cette inscription dédicatoire frappée en lettres d’or sur le premier plat de la reliure :

À Son Altesse Sérénissime Monseigneur le Prince de Neuchâtel et de Wagram.

Officier du génie sous l’Ancien Régime, Louis Alexandre Berthier, destitué en 1792, réintégra l’armée révolutionnaire en 1795. Il y fit preuve de qualités militaires d’une rare polyvalence qui le signalèrent aux yeux de Bonaparte, lequel, après lui avoir confié l’état-major de l’armée d’Italie, en fit son ministre de la Guerre dès 1800. Il s’y distingua par de remarquables facultés d’organisation.
C’est sous sa direction que fut, entre autres, mise en place la réglementation du service des côtes, côtes qu’il connaissait bien pour en avoir précédemment effectué le relevé en qualité d’ingénieur-géographe. Cette qualité le désigna certainement, autant que ses éminentes fonctions et sa notoriété, à l’officier et ingénieur Le Coat de Saint-Haouen, très soucieux de promouvoir efficacement son invention.
Le maréchal Berthier avait reçu le titre de prince de Wagram le 31 décembre 1809.

Il s’agit probablement d’un UNICUM ; il comporte 13 dessins originaux aquarellés.
L’iconographie de cet exemplaire consiste en effet en 13 dessins originaux tracés à l’encre de Chine et aquarellés (légendés « figure 1[-13] »). Ils décrivent très précisément les différentes modalités d’utilisation du télégraphe, aussi bien sur terre, en stations fixes ou mobiles, qu’en mer, dans la mâture des vaisseaux, ou de nuit, équipé de lanternes, ou encore adapté en feux de signalisation côtiers. Ils sont répartis sur 9 planches hors-texte au format de l’ouvrage qui, pour 6 d’entre elles, sont signées « Salles del[inavi]t ». La dernière planche décrit les divers éléments qui composent la structure du télégraphe (mât, baume, vergue…).
Nous ne savons presque rien de l’auteur de ces dessins, mais il est probable qu’il s’agisse de J. P. Salles, vraisemblablement un cartographe-hydrographe en poste à Boulogne dans les premières années du XIXe siècle. 2 cartes du port de Boulogne établies au moment du Camp de Boulogne (vers 1803-1805) lui sont attribuées. L’une est conservée au Service historique de la Défense, à Vincennes. L’autre, qui appartient au musée de la Marine, comporte la mention « Plan dessiné par J. P. Salles, canonnier de la marine, en floréal an XII (1804) ».

Autres exemplaires connus du Télégraphe de jour et de nuit, que nous avons pu consulter :
Si des figures sont annoncées dans le texte de l’ouvrage, aucun des 3 exemplaires que nous avons pu consulter ne contient de planches gravées. Tous se présentent de manières différentes avec un ou plusieurs dessins originaux aquarellés.
– BNF (RES GR FOL-NFS-1. Collation : 2 ff. n. ch. : titre (v° bl.) et dédicace (r° et v°) ; 14 pp. de texte ; 1 f. n. ch. : «
Note suppl. … » (v° bl.) ; 19 ff. pag. [*] 1-36 [37] : « Vocabulaire à l’usage du télégraphe… ».

Modestement habillé d’un cartonnage, il ne possède qu’une unique planche dépliante, dessinée à l’encre de Chine, aquarellée et légendée, mais non signée, et placée en tête du volume. Celui-ci est accompagné en outre d’une « maquette à plat » d’une station, établie au moyen de fils de métal et de bâtonnets de bois, l’ensemble fixé sur carton.
Il fut acquis en 2005 auprès de la librairie Chamonal (Cat. Printemps 2005, n° 90).
– Musée de la Poste (D 6822. Collation : 2 ff. n. ch. : titre (v° bl.) et dédicace (r° et v°) ; 14 pp. de texte ; 1 f. n. ch. : « Note suppl. … » (v° bl.)) ; 19 ff. pag. [*] 1-36 [37] : « Vocabulaire à l’usage du télégraphe… ».
Relié dans un demi-vélin vert, cet exemplaire contient 13 dessins originaux à l’encre de Chine et aquarellés (légendés « figure 1[-12] », y compris une fig. 3bis). Toutes les planches, au nombre de 8, très similaires à celles de l’exemplaire « Berthier », sont signées « Salles » ou « Henry fecit / Salles scripsit ».
À la différence des exemplaires « Berthier » et BNF, celui du musée de la Poste présente une dédicace imprimée qui n’est pas adressée à l’Empereur, mais à son ministre de la Marine, « Son Excellence Monseigneur le Comte Decrès ». Elle est datée du 1er mai 1809.
Enfin, si les exemplaires BNF et Poste comportent un f. imprimé « Note supplémentaire pour les fig. 3 et 3bis » qui ne se trouve pas dans l’exemplaire « Berthier », seul celui du musée de la Poste présente une figure 3bis, qui est placée vis-à-vis de la figure 3 sur la 3e planche du volume.

Deux autres exemplaires sont connus sans que nous soyons parvenus à les localiser :
– celui offert au duc de Cadore (Jean-Baptiste de Nompère (1756-1834), ministre de l’Intérieur (1804-1807) puis des Relations extérieures (1807-1814) de l’Empire) qui pourrait avoir eu des caractéristiques semblables au nôtre. Il est passé en vente publique à Paris en 1842 (Cat. [Motteley], 15 févr. 1842, n° 493). Il y est décrit ainsi : « Gr. in fol. mar. r. dent. Magnifique exempl. de présent au duc de Cadore. Les figures ont été enluminées avec le plus grand soin. »
– celui cité par J. Polak sous le n° 5536 dans sa Bibliographie maritime française. Il indique « Cat. Bibl. Marine et colonies », sans donner ni collation, ni description.

Par sa reliure, sa composition et sa provenance, l’exemplaire « Berthier » est le plus précieux des exemplaires identifiés de cet ouvrage méconnu, important pour l’histoire de la communication à distance.

DESCRIPTIF
Télégraphe de jour et de nuit, propre au service des armées de terre et de mer… À Boulogne, De l’imprimerie de Leroy-Berger, 1809, in-folio, maroquin rouge à grains longs, jeu de roulettes aux palmettes dorées autour des plats, inscription dédicatoire frappée en lettres d’or au centre du plat supérieur, ancre en angle, dos orné d’un semé de fleurettes posées sur un réseau de lignes brisées en pointillés, opposées deux à deux, doublure et gardes de papier marbré, tranches dorées avec 15 becquets de papier imprimé répartis sur toute la hauteur de la gouttière (reliure de l’époque).

Dimensions :450 x 273 mm.
Collation : 2 ff. n. ch. : titre (v° bl.) et dédicace (r° et v°) ; 14 pp. de texte ; 9 planches comportant 13 dessins originaux aquarellés, légendés « figure 1[-13] » ; 19 ff. pag. [*] 1-36 [37] : « Vocabulaire à l’usage du télégraphe… ».
Provenance : Louis-Alexandre Berthier, prince de Wagram (Cat. Château de Grosbois, Paris, 29 avril 2014, n° 303, décrit erronément).

Polak (J.), Bibliographie maritime française…, Grenoble, 4 Seigneurs, 1976, n° 5536 ; Merle (J.-T.), Anecdotes pour servir à l’histoire de la conquête de l’Algérie en 1830, Dentu, 1832, n. 2, pp. 172-173 ; […], Galerie historique des contemporains…, X, Mons, Leroux, 1830, pp. 403-404 ; Boubault (J.-M.), « Le Télégraphe de jour et de nuit de l’amiral de Saint-Haouen », in Actes du colloque de Blois, FNARH, 1979, 14 pp. ; […], La Télégraphie Chappe. Éditions de l’Est, 1993, pp. 339-348 ;
Chamonal (R.), Cat. Printemps 2005, n° 90 ; Tulard (J., dir.), Dictionnaire Napoléon, Fayard, 1989, pp. 203-204 ; […], Éloge de la rareté, BNF, 2014, pp. 46-47, n° 21.